Panorama espagnol

Segundo López, aventurier urbain

de Ana Mariscal

avec José Luis Alonso, Matilde Artero, Mariano Azaña

Espagne | 1953 | 1h20

Ana Mariscal est une des rares cinéastes espagnoles à être parvenue à tourner pendant la période franquiste. Actrice et pionnière dans le domaine de la production et de la réalisation, elle réalise Segundo López, son premier film, comédie inspirée et rare film néoréaliste du cinéma espagnol. Celui-ci raconte l’histoire d’un homme d’Estrémadure qui décide de vendre son modeste commerce familial et de partir à Madrid (toujours ravagée par la guerre) pour tenter sa chance. Il va y apprendre les péripéties de la ville pour un homme trop gentil et rencontrer un adolescent errant avec qui il va se lier d’amitié. Un film étonnant, parfois foutraque, ce qui le rend drôle et vraiment attendrissant. OC.

Carta a mi madre para mi hijo

de Carla Simón

Espagne | 2022 | 25′

Rencontres

présenté par Claire Lambry et avec l’équipe de Premiers Plans

Después también

de Carla Simón

Espagne | 2019 | 26′

Rencontres

présenté par Claire Lambry et avec l’équipe de Premiers Plans

Llacunes

de Carla Simón

Espagne | 2016 | 15′

Rencontres

présenté par Claire Lambry et avec l’équipe de Premiers Plans

Las Pequeñas cosas

de Carla Simón

Espagne | 2015 | 27′

Rencontres

présenté par Claire Lambry et avec l’équipe de Premiers Plans

Lipstick

de Carla Simón

Espagne | 2013 | 10′

Rencontres

présenté par Claire Lambry et avec l’équipe de Premiers Plans

Tardes de soledad

de Albert Serra

documentaire

Espagne | 2025 | 2h05

En Sortie

Portrait du torero Andrés Roca Rey avant, après et pendant sa lutte contre le taureau. Film de codes, de superstitions, quasi film d’hypnose tant il enchâsse des rapports d’attention absolue, Tardes de soledad prolonge le mystère sacrificiel à l’œuvre dans la corrida, en-deçà ou au-delà de ce qu’elle évoque (art ou obscénité). Serra substitue au public de l’arène celui de la salle de cinéma dans un formalisme à couper le souffle. Avec l’idée que « la caméra est là pour voir ce qui n’est pas visible à l’œil nu », nous ne pouvons qu’attester que ce qui relie le torero et le taureau n’appartient qu’à eux-seuls. PA.

Meilleur film, San Sebastián 2024

Segundo Premio

de Isaki Lacuesta et Pol Rodríguez

avec Daniel Ibáñez, Cristalino, Stéphanie Magnin

Espagne | 2025 | 1h49

Avant-première

Segundo Premio est un film évocateur qui nous plonge dans l’univers du rock indépendant espagnol des années 90, inspiré de l’histoire du groupe mythique Los Planetas. À travers une mise en scène immersive, il explore les tourments de la création artistique, les excès et les tensions internes du groupe. Ce film capte l’essence d’une époque où la musique était une échappatoire autant qu’un piège.
L’atmosphère psychédélique nous transporte vers une ère de liberté et d’insouciance, nous rappelant aussi que l’art naît souvent du chaos et de la douleur. Segundo Premio, est une chanson à l’amitié. DF.

Meilleur son, meilleur montage, meilleur réalisateur, Goyas, 2025

Blancanieves

de Pablo Berger

avec Maribel Verdú, Macarena García, Daniel Giménez Cacho

Espagne | 2012 | 1h44

Et si Blanche-neige, le conte de Grimm, n’était au fond qu’une histoire de Noir et de Blanc, avec son héroïne pure comme la neige et sa reine sombre et cruelle ? Et si, loin des palais royaux, les souverains et princesses, devenu·es matador et torera, régnaient dans les arènes espagnoles ? Alors les nains, las de siffler en travaillant dans la mine, partiraient sur les routes pour vendre aux badauds une parodie de corrida.
Cela pourrait s’appeler Blancanieves.
Voilà, en 2012, le pari audacieux de Pablo Berger dans un film muet, en noir et blanc mais résolument moderne, subtilement décalé, aux images lumineuses et à l’énergie réjouissante. JG.

Meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario original, Goya 2013

Noces de sang

de Carlos Saura

avec Antonio Gades, Cristina Hoyos, Juan Antonio Jimenez

Espagne | 1981 | 1h12

Rencontres

Le 1er film de la trilogie flamenca, est une véritable déclaration d’amour au flamenco.
Documentaire, film-ballet, spectacle filmé, le film est le fruit d’une collaboration avec le danseur et chorégraphe Antonio Gadès et sa troupe, qui adaptent l’œuvre de Federico García Lorca écrite en 1933. Le réalisateur nous transporte dans une répétition générale de la troupe, des coulisses où danseur·ses, chanteur·ses et musicien·ses arrivent, jusqu’à leur performance sur scène d’une pièce qui explore les thèmes de la passion et de la mort à travers l’histoire tragique d’un mariage. NT.

Longs métrages hors compétition, Cannes 1981

À la rencontre de l’association vannetaise Amigos de España, nous leur avons montré notre sélection pour qu’ils et elles puissent accompagner un film coup de cœur. Presque sans surprise, c’est Noces de sang qui a eu leur préférence.

Mon ami robot

de Pablo Berger

animation

Espagne | 2023 | 1h43

DOG (c’est bien un chien !) vit à Manhattan et la solitude lui pèse. Il construit un robot et ils deviennent les meilleurs amis du monde. Un jour, après une journée de plage et de baignades, Robot rouille au point de ne plus pouvoir bouger. Les amis vont être séparés mais gardent l’espoir de se retrouver un jour…
Pablo Berger nous avait épaté·es avec son Blancanieves (p.36), un film muet en noir et blanc. Ici, c’est le domaine de la couleur et de la musique réjouissante de la B.O. jazzy ainsi que des titres des années 70/80 qui prennent allégrement le pas ! On se balade à New-York comme si l’on y était.
Tendresse, amitié, drôlerie nous émeuvent autant que nous amusent. Vous vous souviendrez longtemps de ce bijou d’animation. CA. NOTRE CONSEIL : À PARTIR DE 7 ANS

Meilleur film d’animation, meilleur scénario adapté, Goyas 2024

Las Niñas

de Pilar Palomero

avec Andrea Fandos, Natalia de Molina, Zoe Arnao

Espagne | 2020 | 1h37

Meilleur film, Meilleur nouveau réalisateur, Meilleur scénario original et Meilleure photographie, Goyas 2020

Été 93

de Carla Simón

avec Laia Artigas, Paula Robles, Bruna Cusí

Espagne | 2017 | 1h37

Le sujet, très inspiré de l’enfance de la réalisatrice, annonçait un mélodrame. Mais Carla Simón a choisi une retenue émouvante pour raconter cet été vécu ici par Frida 6 ans : elle quitte Barcelone pour la campagne où elle va vivre chez son oncle et sa tante après la mort de ses parents.
Le film privilégie les sensations de la fillette dans sa découverte de la forêt, dans ses relations conflictuelles ou complices avec sa nouvelle famille, puis dans l’acceptation du deuil et du chagrin. Une mise en scène naturaliste qui met en valeur le jeu exceptionnel des deux enfants. Un film sur l’enfance à hauteur d’enfant. NT.

Meilleur premier film, Berlinale 2017 | Meilleur scénario original et meilleure réalisation, Goyas 2018

En construcción

de José Luis Guerín

documentaire

Espagne | 2001 | 2h05

José Luis Guerín a filmé pendant 18 mois la construction d’un immeuble d’habitation situé sur une place du quartier populaire El Raval aussi nommé Barrio Chino, à Barcelone. On y croise les habitant·es, enfants, femmes, hommes, chats, qui y vivent, travaillent, font leurs courses, vont à l’école et passent devant cet énorme chantier. Mais aussi les ouvriers, maîtres d’œuvres, artisans et plus tard, les futurs acquéreurs. Le film est le temps du chaos et de la reconstruction, avant l’avènement d’un nouvel ordre des choses. On assiste à la vie, simple et passionnante, aux liens qui perdurent, à ceux qui s’inventent, au surgissement du passé lorsqu’est découvert un site archéologique, à ce que ce changement-là fait à la terre et aux humains. AP.

Meilleur film documentaire, Goya 2001

Le Sud

de Víctor Erice

avec Omero Antonutti, Sonsoles Aranguren, Icíar Bollaín

Espagne | 1983 | 1h35

Fin des années 50, nord de l’Espagne. La jeune Estrella est très attachée à son père, curieuse de son rapport au monde et de son passé. Une dizaine d’années après L’Esprit de la ruche, Víctor Erice continue de filmer l’Espagne depuis l’enfance en adaptant un roman d’Adelaida García Morales. Sous sa simplicité, ce film sur la complexité de la démythification libère une grande puissance sensorielle, à l’opposé d’un style outrancier. Comme toujours chez Erice, le franquisme tient davantage du filtre que de la présence directe, le cinéma tient plusieurs rôles et le temps règle les rapports, seule justice qui vaille. PA.

Sélection officielle, Cannes 1983

Le Chemin

de Ana Mariscal

avec José Antonio Mejías, Julia Caba Alba, Ángel Díaz,

Espagne | 1964 | 1h35

Rencontres

Dans ce village ancestral, si banal mais tant aimé, on n’a pas de noms mais seulement des surnoms (le teigneux, le bouseux, la guigne,…).
Quand on y est enfant, on occupe les lieux en multipliant bravades et facéties les plus excessives.
Quand on y est adulte, on assume le labeur des petits métiers avec pour seul horizon le dur chemin de Dieu.
Le père de Daniel rêve pour son fils d’une autre voie.
La caméra d’Ana Mariscal accompagne avec une vitalité communicative l’effervescence du village et nous entraîne dans son univers où la satire souvent hilarante côtoie une émotion subtile face aux drames. JG.

Sélection Cannes Classics 2021

avec Marie-Soledad Rodriguez

Border Line

de Rodrigode Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez

avec Alberto Ammann, Bruna Cusí, Ben Temple

Espagne | 2023 | 1h17

Projetant de démarrer une nouvelle vie aux États-Unis, Diego et Elena quittent Barcelone pour New-York. Mais à leur arrivée à l’aéroport, la Police des Frontières les interpelle pour les soumettre à un interrogatoire.
De proche en proche, au fil de questions administratives apparemment anodines, les voilà pris au piège d’une lente plongée dans l’intimité de leur histoire.
Huis clos diaboliquement construit, glaçant, filmé au cordeau par une caméra qui capte chaque mouvement émotif, au montage nerveux et implacable, captivant de bout en bout qui n’a rien à envier à un excellent thriller psychologique. Brrrr ! IA.

Grand prix du jury, Angers 2024

As Bestas

de Rodrigo Sorogoyen

avec Denis Ménochet, Marina Foïs, Luis Zahera

Espagne, France | 2022 | 2h17

As Bestas est un thriller rural haletant où un couple de Français s’installe dans un village reculé de Galice, déclenchant une haine viscérale chez deux frères. La jalousie, la rancœur et la xénophobie nourrissent une tension parfois insoutenable, transformant leur quotidien en un cauchemar qui vire jusqu’à la tragédie. L’atmosphère oppressante du film et la cruauté des antagonistes sont troublantes, où la violence latente explose brutalement. Un film qui expose la noirceur humaine avec une justesse terrifiante, aussi bien la bestialité d’un machisme dépassé que la persévérance et la force des femmes qui lui résistent. DF.

Meilleur film étranger, Césars 2023

Malveillance

de Jaume Balagueró

avec Luis Tosar, Marta Etura, Alberto San Juan

Espagne | 2011 | 1h42

Au milieu de ce lobby d’immeuble – à côté de l’ascenseur – travaille César, un concierge modèle, prêt à tout pour aider ses habitant·es, sauf si leur bonheur s’avère trop apparent.
Dans ce film, Jaume Balagueró, plus connu pour avoir co-réalisé [REC], abandonne le fantastique pour le pur thriller, en embrassant complètement le point de vue de l’antagoniste. Luis Tosar qui interprète notre concierge livre toute l’ambivalence de ce personnage, oscillant entre machiavélisme et pathétisme. Grâce à son écriture maîtrisée sans surenchère et sa réalisation sobre mais tout à fait efficace, on se surprendra même à être du côté de César dans une séquence pleine de tension. NP.

Meilleur scénario, Fantasia Film Festival 2012

Le Labyrinthe de Pan

de Guillermo del Toro

avec Ivana Baquero, Sergi López, Doug Jones

Espagne | 2006 | 1h58

Rencontres

Dans l’enfer de la guerre se développe secrètement un monde imaginaire. Espagne, 1944. La jeune Ofélia déménage avec sa mère chez le cruel et autoritaire capitaine Vidal. Elle découvre, au fond du jardin, un mystérieux labyrinthe qui va faire basculer sa vie. De la rencontre avec Pan, créature magique et gardien du lieu, va naître une aventure initiatique dont Ofélia est (malgré elle) la protagoniste.
Guillermo Del Toro nous emmène dans un récit fantastique, à la fois sombre et poétique, où l’enfance se confronte à l’horreur humaine. Un univers plein de fantaisie qui se mêle à un monde vide de sens. Une œuvre atypique qui évoque sans ambage le passé franquiste du pays. Le Labyrinthe de Pan reste aujourd’hui une référence du cinéma espagnol. AM–W.

Meilleure photographie, Meilleur décors, Meilleur maquillage, Oscars 2007

As neves

de Sonia Méndez

avec Andrea Varela, David Rodríguez (III) et Antía Mariño

Espagne | 2024 | 1h23

INÉDIT

Le premier long métrage de fiction de Sonia Méndez, As Neves (« les neiges »), situe son action dans un village montagneux de Galice. Au cours d’une fête, une jeune fille disparaît alors qu’une tempête de neige approche de la petite commune. Une vidéo filmée sans son consentement serait à l’origine de cette disparition inquiétante. S’ensuit une enquête difficile, où se mêlent la culpabilité du groupe de jeunes présent·es, l’oubli occasionné par la consommation de drogue et l’urgence de retrouver la disparue. As Neves se pose en portrait d’une jeunesse à des lieues du monde des adultes, qui peinent à partager ce que leurs enfants ressentent, désirent ou simplement vivent. OC.

Sélection officielle, Festival de Malaga 2024

O corno, une histoire de femmes

de Jaione Camborda

avec Janet Novás, Siobhan Fernandes, Carla Rivas

Espagne | 2023 | 1h45

Rencontres

Dans l’Espagne franquiste des années 1970, Maria aide les femmes de son village à accoucher, et parfois également à avorter en dépit de l’interdit. Lorsqu’elle est contrainte
après un drame de quitter son village, elle réussit à gagner le Portugal grâce à l’aide d’autres femmes.
Le film est une immersion subtile dans l’intimité de l’univers féminin. Le rythme des
séquences rend justice à la beauté des gestes effectués par et pour les femmes. Les paysages
comme les personnages sont magnifiquement filmés dans une ambiance poétique et
onirique qui dessine en creux la dictature machiste. ILC.

Meilleur film, San Sebastián 2024