Archive de l'Auteur

Los Destellos

lundi 31 mars 2025

de Pilar Palomero

avec Patricia López Arnaiz, Julián López, Antonio de la Torre

Espagne | 2024 | 1h41

INÉDIT

Rencontres

La vie d’Isabel change brusquement lorsque sa fille lui demande de s’occuper de son père malade. Ce film inédit en France a été réalisé par Pilar Palomero (Las Niñas p.47) et raconte les retrouvailles inespérées de gens qui formèrent jadis une famille. L’émouvant personnage interprété par Patricia López Arnaiz (20 000 espèces d’abeilles p.13), révèle la possible générosité entre les humains, leur solidarité, même lorsque cela semble impossible : sa relation avec le père de sa fille (Antonio de la Torre, grande figure du cinéma espagnol) s’est mal terminée, mais elle décide de se rapprocher de nouveau de lui et de l’accompagner dans sa fin de vie, en laissant de côté ce qui s’est passé entre eux. Un film lumineux, simple et délicat. OC.

Meilleure interprétation, San Sebastián 2024


20 000 espèces d’abeilles

lundi 31 mars 2025

de Estibaliz Urresola Solaguren

avec Sofía Otero, Patricia López Arnaiz, Ane Gabarain

Espagne | 2023 | 2h05

Rencontres

C’est l’été au Pays basque espagnol. Ane, sculptrice, en pleine crise sentimentale et professionnelle, profite des vacances pour partir avec ses trois enfants dans son village natal où vivent sa mère et sa sœur, apicultrice. Aitor, le plus jeune de ses enfants, surnommé Coco, a huit ans et a bien du mal à savoir qui il est. Né garçon, en quête de sa propre identité, il refuse d’être appelé par son nom ou son surnom et choisit de se nommer Lucia. Filmé dans une nature sauvage et la lumière de l’été, parmi les ruches, le portrait d’un enfant trans tout en intelligence et délicatesse interprété avec talent par la jeune Sofía Otero, ainsi qu’un regard sur les femmes de la famille confrontées à leurs propres interrogations. DE.

Ours d’argent de la meilleure performance pour Sofía Otero, Berlinale 2023


Un Lugar común

lundi 31 mars 2025

de Celia Giraldo

avec Eva Llorach, Aina Clotet, Jordina Sala

Espagne | 2024 | 1h22

INÉDIT

Rencontres

Pilar, une femme de 52 ans, à la vie centrée sur l’autre, infirmière respectée, mère dévouée, est mise en pré-retraite. Livrée à elle-même, elle mesure combien son entourage bien que bienveillant mène sa vie sans tenir compte d’elle. À l’occasion de l’anniversaire de son fils, elle tente une initiative qui va s’avérer cruciale pour un nouveau départ.
Le jeu de l’actrice, la mise en scène rendent très bien sa solitude intérieure, sa prise de conscience progressive et la façon très contemporaine dont chacun·e s’enferme dans sa bulle imperméable à l’univers de l’autre. Beau portrait d’une femme à la vie sagement épanouie sur les schémas féminins traditionnels qui se surprend à pouvoir exister pour elle-même et pour les autres ! IA.


La Infiltrada

lundi 31 mars 2025

de Arantxa Echevarría

avec Carolina Yuste, Luis Tosar, Victor Clavijo

Espagne | 2024 | 1h58

INÉDIT

Rencontres

Dans les années 1990, nous suivons une jeune policière chargée de recueillir des informations cruciales pour permettre aux autorités espagnoles de démanteler l’organisation ETA. La Infiltrada s’appuie sur un récit vif basé sur une histoire vraie et illustre une période marquée par un conflit qui semblait alors sans solution. La réalisatrice nous embarque mais refuse intelligemment de donner des réponses faciles quant aux motivations et alliances des deux parties. Le jeu duel et convaincant de Carolina Yuste et Luis Tosar y est pour beaucoup et concourt à la mise en tension dans laquelle nous sommes invité·es. La Infiltrada ne sortant pas sur les écrans français, vous avez là une occasion inespérée de le découvrir à l’occasion du lancement de notre 23e édition espagnole !
OC.

Meilleur film, Goyas 2025

Nous sommes ravi·es de vous retrouver en salle pour cette 23e édition. Rendez-vous à la Garenne à partir de 20h00 pour lancer le festival sur une bonne note. La Infiltrada a reçu le 8 février dernier le prix ex-aequo du meilleur film de la 39e cérémonie des Goyas (l’équivalent des César en France). Nous avons souhaité lancer cette 23e édition des RENCONTRES avec ce film haletant mis en scène par la réalisatrice Arantxa Echevarría (Carmen et Lola). Il nous a été chaudement recommandé par le collectif Cine por Mujeres, qui nous a accompagné·es dans la découverte de cette nouvelle vague du cinéma espagnol conjugué au féminin.


El Pico

lundi 31 mars 2025

de Eloy de la Iglesia

avec José Luis Manzano, Enrique San Francisco, Jose Manuel Cervino

Espagne | 1983 | 1h50

Inspiré de faits réels, El Pico suit deux amis accros à la drogue. L’un est le fils d’un commandant de la garde civile et l’autre d’un nationaliste basque. Grand succès du cinéma espagnol et du cinéma quinqui, ce drame réaliste vaut : pour l’acteur fétiche d’Eloy de la Iglesia, José Luis Manzano ; pour la représentation d’une époque par ses marginaux, ses figures d’autorité, ses symboles ; parce que le film documente le terrible rendez-vous pris avec la drogue dans les années 80 – entre Panique à Needle Park (1971) et Trainspotting (1996) ; avant tout parce que la jeunesse – ne cherchant plus à faire bonne impression – donne au film son caractère fougueux, sensuel, jusqu’au-boutiste et hypersensible. PA.


Cambio de Sexo (Je veux être femme)

lundi 31 mars 2025

de Vicente Aranda

avec José Luis Manzano, Enrique San Francisco, Jose Manuel Cervino

Espagne | 1983 | 1h50

Une jeune Victoria Abril incarne José Maria, un jeune homme mal dans sa peau qui fera sa mue jusqu’à être la séduisante Maria José.
Un film en avance sur son époque, tant Vicente Aranda prend à bras le corps ce sujet complètement tabou de la transidentité : nous sommes deux ans après la mort de Franco, dans un pays où l’homosexualité est toujours illégale.
Si le film s’inspire d’un fait divers dramatique, Cambio de sexo (Je veux être femme) se veut avant tout un message d’espoir pour toute une jeunesse en quête d’identité. De son interprétation très juste à son écriture sincère, ce film pétillant offre un avant-goût bienvenu de la sulfureuse Movida. NP.


Le Bourreau

lundi 31 mars 2025

de Luis García Berlanga

avec Maria Isbert, Julia Caba Alba, Nino Manfredi

Espagne, Italie | 1963 | 1h27

Rencontres

Un fossoyeur campé par Nino Manfredi s’apprête à devenir bourreau malgré lui suite au départ à la retraite de son beau-père.
Notre personnage, aussi pleutre qu’agaçant, est au centre d’une comédie noire pleine de malice, où Berlanga prend un plaisir certain à critiquer une Espagne engluée dans le franquisme. Les farces qui se succèdent n’épargnent personne, et la mise en scène astucieuse couplée à un scénario soigné font de cette satire, aussi drôle que cruelle, un immanquable rendez-vous de ce festival. NP.

Prix FIPRESCI, Mostra de Venise, 1963

Leçon avec Marcos Uzal + film leçon de cinéma
Retrouvez la traditionnelle Leçon de cinéma de Cinécran, animée cette année par Marcos Uzal, rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma (il était venu il y a déjà deux ans lors de notre édition polonaise). Comptez 1h30 de plaisir et de nouvelles connaissances.


Viridiana

lundi 31 mars 2025

de Luis Buñuel

avec Silvia Pinal, Fernando Rey, Francisco Rabal

Espagne, Mexique | 1961 | 1h31

Après plus de vingt ans d’exil, Luis Buñuel rentra en Espagne, alors encore sous régime franquiste, pour tourner Viridiana et ce, dans la plus grande liberté. Le film n’échappa pas au parfum de scandale caractéristique de son réalisateur puisque, malgré la Palme d’or qu’il reçut en 1961, le Vatican le jugea « sacrilège et blasphématoire ». Au point que l’administration espagnole décida de dénaturaliser le film !
Il conte l’histoire d’une jeune novice dans un couvent qui rend visite, avant de prononcer ses vœux, à son oncle Jaime. Il découvre en elle le sosie de son épouse, morte vingt ans auparavant, le soir de leurs noces. Hypocrisie de l’Église, bourgeoisie suffisante, bestialité populaire… Buñuel n’épargne personne mais signe un grand film. OC.

Palme d’Or, Cannes 1961


Bienvenue mister Marshall (¡Bienvenido Mr Marshall!)

lundi 31 mars 2025

de Luis García Berlanga

avec Lolita Sevilla, Manolo Morán, Jose Isbert

Espagne | 1953 | 1h18

Dans un petit village castillan, des habitant·es s’affairent à préparer de grandes festivités pour des dignitaires américains venus relancer l’économie de l’Espagne.
Une comédie légère où chacun y trouvera son compte que ce soit par la narration malicieuse, l’ironie des situations ou encore ces séquences oniriques qui fonctionnent à merveille. Un film moins frontal et acide que d’autres propositions du réalisateur (comme Le Bourreau aussi présenté lors de nos rencontres), mais qui reste engagé politiquement.
À l’heure où la dépendance européenne envers les États-Unis montre plus que jamais ses limites, Bienvenue Mr Marshall trouve encore aujourd’hui un écho frappant et témoigne de la lucidité de son auteur sur son époque. NP.

Mention spéciale pour le scénario, Cannes 1953


Un Chien andalou + Embrujo

lundi 31 mars 2025

de Luis Buñuel

avec Pierre Batcheff, Simone Mareuil, Salvador Dalí

Espagne, France | 1929 | 16′

Un chien andalou est un film surréaliste et subversif, à l’humour féroce. Il compte aujourd’hui parmi les grands classiques du cinéma mondial. Embrujo est quant à lui moins connu mais ce film musical lui aussi parsemé de touches surréalistes a fait sensation en raison de l’apparition de deux vedettes à l’écran, Lola Flores et Manolo Caracol, mariés à la ville, et de sa portée politique et sexuelle qui suscitera l’indignation de la censure franquiste. OC.


de Carlos Serrano de Osma

avec Lola Flores, Manolo Caracol, Fernando Fernán-Gómez

Espagne | 1948 | 1h20

Un chien andalou est un film surréaliste et subversif, à l’humour féroce. Il compte aujourd’hui parmi les grands classiques du cinéma mondial. Embrujo est quant à lui moins connu mais ce film musical lui aussi parsemé de touches surréalistes a fait sensation en raison de l’apparition de deux vedettes à l’écran, Lola Flores et Manolo Caracol, mariés à la ville, et de sa portée politique et sexuelle qui suscitera l’indignation de la censure franquiste. OC.


Dos madres

lundi 31 mars 2025

de Víctor Iriarte

avec Lola Dueñas, Ana Torrent, Manuel Egozkue

Espagne, Portugal, France | 2023 | 1h50

La mère biologique d’un enfant adopté se met en quête de le retrouver. Inspiré du drame des innombrables nourrissons retirés à leurs mères par le régime franquiste, c’est dans une forme en total contrepoint que le réalisateur Víctor Iriarte met en scène cette « histoire de violence » : clins d’œil au film de genre, subtilités du rythme, douceur des attentions, parfait duo d’actrices (la Lola Dueñas d’Almodóvar, Ana Torrent cinquante ans après son premier film). Ce film de complicité trouve – comme le fils accordeur de piano – d’harmonieux accords, délivrés dans une irréprochable, touchante et malicieuse partition de musique. PA.

Giornate Degli Autori, Mostra de Venise 2023


Cría cuervos

lundi 31 mars 2025

de Carlos Saura

avec Geraldine Chaplin, Ana Torrent, Conchita Perez

Espagne | 1976 | 1h45

À la fin de la dictature franquiste, Ana et ses deux sœurs, devenues orphelines, sont recueillies par une tante autoritaire et austère. Pour faire face aux jours malheureux, la petite Ana, silencieuse et solitaire, se réfugie dans ses souvenirs en imaginant vivante sa mère précédemment décédée d’un cancer. Carlos Saura met en place une narration composée de plusieurs strates et temporalités pour révéler la puissance de l’amour d’une enfant pour sa maman disparue. Ana Torrent a 8 ans lors de ce tournage et son regard sur le thème musical Porque te vas marque à jamais les spectateur·trices. ILC.

Grand prix du jury, Cannes 1976


L’Esprit de la ruche

lundi 31 mars 2025

de Víctor Erice

avec Ana Torrent, Isabel Telleria, Fernando Fernán Gómez

Espagne | 1973 | 1h38

Dès 1976, année de la sortie de Cría Cuervos, Ana Torrent a donné son visage à l’enfance de l’Espagne post-franquiste. Trois ans plus tôt, elle jouait déjà dans L’Esprit de la ruche de Víctor Erice.
Au début de ce film incontournable du cinéma espagnol, un cinéma itinérant attire les enfants d’un village du plateau castillan. Parmi ces enfants, la petite Ana. Son visage absorbé : entre le cinéma et ce visage, une aventure naît. La placidité et l’intensité de ces grands yeux intelligents révèlent que l’innocence n’est plus de mise dans ces années 70. Une enfant sérieuse en métaphore d’un pays : c’est entre autres un des drames du franquisme que d’avoir volé des enfances – celles des générations nées pendant cette période ; celles des bébés vendus-; celles des gosses de villes et de villages, obligés de se plier aux lois du monde adulte, souvent s’en détournant, parfois les contestant. Si, dans L’Esprit de la ruche comme dans Cría Cuervos, Ana est avec d’autres enfants, c’est pourtant bien elle le révélateur solitaire de ces adultes qui «-semblent avoir perdu la capacité de sentir la vie-» (L’Esprit de la ruche). Pleinement enfant dans le geste précis de nouer ses lacets mais ne sautant pas au-dessus du feu comme les autres. Une enfant qui n’a pas sommeil, là encore métaphore d’un pays qui ne veut pas dormir, mais se tient au contraire éveillée, à l’affût des agissements secrets, pervers, prête à tout voir même sans tout comprendre. Ana voit d’ailleurs ce que les autres ne voient pas, ne peuvent ou ne veulent pas voir : elle est le contrechamp du mensonge et de l’hypocrisie. Et du refoulement, la petite imitant, rejouant, rêvant, se souvenant, pour (se) libérer. Son effronterie intérieure, le risque de désobéir, sa capacité à vivre la joie d’un instant (l’importance du lien avec ses soeurs), sa manière de s’emparer du poison (champignon vénéneux chez Erice ou mort aux rats chez Saura), son empathie, son indépendance, tout cela semble avoir conduit Ana à être une des deux mères de Dos Madres (2023), comme si avoir à l’esprit l’enfant qu’elle fut lui permit d’être une mère vivante, saine, courageuse, honnête. Si son visage d’enfant s’est gravé de face dans l’histoire du cinéma, c’est de profil qu’on la retrouve adulte chez Iriarte. Les deux films récents de l’actrice née en 1966 – Dos Madres (Víctor Iriarte) et Fermer les yeux (Víctor Erice) – n’ont rien à envier aux coups de maître dans lesquels elle débuta sa carrière, d’autant qu’ensemble, les quatre films lui ont légué un pouvoir de clairvoyance (Ana est d’ailleurs celle par qui le squelette voit dans L’Esprit de la ruche). Paradoxalement, il faut, pour cela, savoir fermer les yeux. PA.

Semaine de la critique, Festival de Cannes 1974 & Grand prix du jury, festival de San Sebastian 1973


Volver

lundi 31 mars 2025

de Pedro Almodóvar

avec Penélope Cruz, Carmen Maura, Lola Dueñas

Espagne | 2006 | 2h01

Madrid et ses quartiers de la classe ouvrière. Trois générations de femmes survivent au vent, au feu, même à la mort, grâce à leur bonté, à leur audace et à une vitalité inépuisable.
Tout Almodóvar est là : les couleurs ne sont jamais aussi belles que chez lui et l’amour pour les femmes aussi incandescent. La photographie pour sublimer le tout et voilà…CHEF D’ŒUVRE ! CA.

Prix d’interprétations féminines et prix du scénario, Cannes, 2005


Talons aiguilles

lundi 31 mars 2025

de Pedro Almodóvar

avec Victoria Abril, Marisa Paredes, Miguel Bosé

Espagne | 1991 | 1h52

Pedro Almodóvar met en valeur les relations tourmentées d’une fille ignorée par sa mère. Les talons aiguilles lointains d’une mère trop absente dont la fille s’est toujours sentie privée. Ce mélodrame mère-fille est teinté thriller dans les recoupements des personnages. Règlement de compte, adultère et jalousie, meurtres et triangles amoureux, belles preuves du génie d’Almodóvar. La mise en scène est soignée, par des couleurs chatoyantes et vibrantes où le rouge domine. Deux actrices merveilleuses avec Marisa Paredes en mère émouvante et Victoria Abril incarnant avec justesse une femme à la fois fragile et déterminée, ainsi que Miguel Bosé, l’audacieux et le talentueux. Un incontournable. DF.

Meilleur film étranger, Césars 1993


La Loi du désir

lundi 31 mars 2025

de Pedro Almodóvar

avec Eusebio Poncela, Carmen Maura, Antonio Banderas

Espagne | 1987 | 1h42

Pablo Quintero est un cinéaste et écrivain à succès de la scène culturelle madrilène des années 80.
Alors que l’artiste questionne sa relation avec Juan, un de ses amants et qu’il amorce une collaboration au théâtre avec sa sœur et muse Tina, Antonio entre en jeu brutalement, renversant les tentatives d’équilibres en présence dans la vie de Pablo.
En 1987, date de sortie du film, l’Espagne est au sortir de la movida et La Loi du désir est le premier film que Pedro Almodóvar produit avec son frère Agustin et la maison de production El Deseo qu’ils ont fondée un an auparavant. Au-delà de l’exploration du désir amoureux, Pedro Almodóvar interroge le rapport de la création au désir, jusqu’au vertige et à la chute. Une œuvre clef dans la filmographie du cinéaste. AP.

– Teddy Award, Berlinale 1987